Bonjour Nicolas, est-ce que tu peux te présenter et expliquer l’activité de TreCuori ?
Je suis ingénieur environnement de formation. Installé en Italie depuis quelques années, j’ai récemment intégré TreCuori, qui a ouvert en juillet dernier un service dédié à l’environnement. L’activité principale de TreCuori consiste à fournir des services et des plans de welfare a environ 1300 clients sur toute l’Italie. TreCuori permet aux entreprises de proposer des avantages. Avantages qui se traduisent par une somme dédiée à la possibilité d’achat de services qui sont pour la plupart liés au bien-être.
La société a été créée en 2013 sous un statut baptisé Societa Benefit qui implique de porter une grande attention aux impacts sur le territoire, que ce soit au niveau social ou environnemental. Et aussi de soutenir l’économie locale et les PME.
Peux-tu nous en dire plus sur votre préoccupation environnementale autour de votre activité ?
Nous sommes vraiment au début de notre “voyage environnemental”. Un bureau dédié à l’environnement a été créé il y a moins d’un an. Il est composé de trois personnes pour l’instant… Car l’entreprise est en forte croissance : L’effectif a été presque doublé en un an. Notre impact environnemental va forcément s’accroître.
Nous sommes partis de notre obligation principale qui requiert de faire un rapport annuel de l’impact environnemental. Avec pour objectif de toujours aller vers quelque chose de plus structuré, plus ambitieux. Cette année par exemple, nous avons décidé de publier un rapport environnemental qui suit la nouvelle norme, la nouvelle directive européenne CSCRD (Corporate Sustainability Reporting Directive NDLR). Ca n’est pas une obligation, mais un choix de l’entreprise.
L’objectif suivant est d’obtenir des certifications : certification qualité, liée à l’égalité de genre, ou encore la certification B Corp, qui prolonge les principes du statut Societa Benefit.
Nous sommes un fournisseur de services, pas une entreprise manufacturière avec un process industriel. Nous voulons donc comprendre d’où vient notre impact environnemental, pour pouvoir le mesurer précisément et ensuite s’attaquer à des actions de réduction. Notre activité passe essentiellement à travers des outils numériques : quatre sites internet, dont notre site institutionnel ainsi qu’une plateforme numérique sur laquelle nous fournissons notre service de plans de welfare. Environ 20 000 utilisateurs se connectent à cette plateforme et y passent un certain nombre de minutes : un temps d’utilisation assez long, pour pouvoir sélectionner les activités à travers lesquelles ils veulent dépenser leur capital. Nous présumons que ça représente un impact assez important et même certainement la source principale de notre impact global. Nous nous sommes donc mis à la recherche d’outils qui nous permettent de mesurer un peu mieux cet impact.
Quelles ont été les difficultés pour mesurer cet impact ?
Effectivement, ça n’a pas été pas évident car ce n’est pas mon domaine, étant plutôt dans le domaine environnemental. Nous avons dû nous familiariser avec cette nouvelle discipline de la durabilité numérique, la réunion de deux mondes : celui de l’évaluation de l’impact environnemental et celui du numérique. Quels aspects du numérique génèrent l’impact ? Quel est l’ordre de grandeur de cet impact environnemental ?
Je n’ai plus en tête la référence exacte, mais les impacts d’Internet pourraient être considérés comme quasiment le quatrième continent le plus émetteur. Je pense qu’il y a une prise de conscience de cet impact, qui a commencé avec les data centers qui requièrent beaucoup d’énergie pour le fonctionnement, le stockage, le refroidissement.
Mais on a du mal à prendre en compte tous les autres aspects de l’utilisation des services digitaux… Ce qui est d’autant plus difficile, c’est que les informations sont très éparses. Il n’existe pas de normes ou de règles internationales qui permettent d’avoir un accès à des méthodes pour mesurer, pour comprendre ou même connaître le périmètre auquel elles s’appliquent.
Comment s’y retrouver parmi toutes les solutions de mesure ?
Premièrement, les règles ont changé. Le Parlement européen est en train de légiférer sur les nouvelles règles de communication : comment les allégations environnementales doivent être communiquées, les déclarations environnementales… À travers la diversité des outils, voire même de labels que j’ai pu voir, j’ai senti un risque. Il y a des choses qui sont très attrayantes parce qu’elles paraissent simples, rapides, peu coûteuses et qui permettent de communiquer immédiatement sur son site web.
Mais les nouvelles règles demandent maintenant de suivre des règles précises : il faut faire un calcul et être en mesure d’apporter la preuve de ce calcul…
Cela nous a amené à être très prudent dans le choix de ce qu’on allait pouvoir faire. Même si au début, nous ignorions encore jusqu’où aller et quelle méthode appliquer, nous voulions avoir une garantie sur la robustesse des calculs, de la méthodologie et la transparence des données. Si on veut pouvoir communiquer, et si on veut pouvoir agir, mener des actions précises pour réduire son impact environnemental, il faut avoir une mesure précise.
Comment avez-vous identifié et classé les différentes solutions ?
Nous avons procédé en deux étapes. Nous avons d’abord réalisé un état de l’art : les recherches existantes en la matière, les méthodologies, les normes, les lois, les règles. Nous avons aussi pris conseil auprès de spécialistes et nous avons réalisé une étude de marché des différents outils existants. En nous posant les questions suivantes : quelle précision pour les calculs ? Quelle norme est suivie ? La méthodologie est-elle accessible ? Est-elle compréhensible ? Même si nous comprenons que le détail des algorithmes de calcul ne peuvent pas être entièrement dévoilés, il est fondamental pour nous de comprendre la méthode et les règles de calcul pour évaluer la qualité d’un outil.
Nous avons fait cette recherche sur trois niveaux de marché : le marché national italien, le marché français, et le marché international. Je pense que nous avons passé en revue beaucoup d’outils… Et c’est loin d’être simple !
Déjà, certains outils ne donnent pas vraiment le même résultat pour la même page analysée. Ensuite, le périmètre du calcul n’est pas toujours clair : s’appliquent-ils à une page web ou un site en entier ? Comment est-il possible de chiffrer l’impact d’un site entier en rentrant simplement une URL ?
Je dois dire que nous avons dû beaucoup “naviguer”, notamment en France… La multiplication des outils donne un peu le tournis, et au final nous n’imaginions pas qu’il soit si compliqué d’obtenir une mesure de notre impact environnemental. En fait, nous avons compris qu’il s’agit d’une discipline très nouvelle, où les règles ne sont pas encore claires. On trouve donc de tout dans les calculs et les méthodes proposées. Il fallait déterminer des critères de sélection de qualité parce nous ne pouvions pas nous permettre de nous lancer dans un calcul qui soit fait à moitié. Si on veut faire quelque chose, autant le faire bien dès le début !
Pourquoi avoir choisi appYplanet parmi toutes les solutions ?
Trouver appYplanet fut une belle surprise. Ce qui m’a tout de suite marqué, c’est que l’outil s’appuie sur les normes parmi les plus sérieuses concernant l’évaluation de l’impact environnemental, incluant l’analyse du cycle de vie (la prise en compte de l’impact, de l’origine d’un produit et de ses différents composants jusqu’à sa fin de vie). Mais aussi l’application de la norme européenne “Product Environmental Footprint”. Ce sont deux critères qui ont été assez déterminants.
Autre aspect très intéressant : le processus de création d’AppyPlanet, qui est le fruit du croisement de l’expérience d’experts en informatique et de celle d’experts en environnement spécialisés dans l’impact environnemental numérique. Qui plus est, appYplanet s’appuie sur les résultats de projets de recherche qui ont été menés de manière sérieuse, tels que la base de données NégaOctet sur les facteurs d’émission spécifiques au monde du numérique,et avec la volonté aussi de développer la connaissance sur l’impact du numérique, le fait que ça se base sur une étude qui a été menée avec l’école polytechnique fédérale de Lausanne…
Tout ce processus d’apprentissage, d’accumulation de connaissances, de partage de connaissances entre différents acteurs et de fusion de connaissances entre le monde du digital et le monde de l’évaluation environnementale donne une base assez robuste à la méthodologie et à l’outil qui ont été développés.
Ensuite, côté numérique, appYplanet se base sur des données mesurées en temps réel, le trafic, l’origine de la connexion, le type d’outils utillisé que les visiteurs… Tout ça permet d’obtenir des données assez fines.
Il y a un autre un aspect auquel nous n’avions pas songé mais qui a joué un rôle important dans notre décision de choisir appYplanet : le respect de la vie privée rendu possible par le fait que la solution ne nécessite pas l’installation de cookies. Les données de nos clients concernent leurs employés : ce sont des données particulièrement sensibles. Nous avons donc besoin d’un niveau de sécurité très haut. Et le fait que les données soient stockées en France constitue une garantie supplémentaire de sécurité.
La transparence offerte depuis le début par appYplanet, que ce soit au niveau informatique ou sur l’expertise environnementale a été particulièrement appréciée. Cela nous a permis d’avoir des échanges poussés et des réponses à nos questions techniques.
Dernière chose non moins importante : la facilité avec laquelle il est possible d’installer appYplanet. La configuration ne prends pas trop de temps et ne nécessite pas d’investissement pour nos équipes informatiques.
Qu’avez-vous découvert après quelques semaines d’utilisation d’appYplanet ?
Spécifiquement sur le plan environnemental, je doit dire qu’on ne s’attendait pas à un ordre de grandeur d’émission aussi important. Nous avions l’intuition que cet aspect de notre activité devait figurer parmi les postes les plus émetteurs, et donc avec le plus d’impact. Cette intuition est confirmée. mais les ordres de grandeur, nous ont surpris. Certes, notre offre de services requiert pour nos utilisateurs de rester connectés assez longtemps et de naviguer aussi entre différents fournisseurs, différentes pages, mais on n’aurait pas pensé à un impact aussi important.
La deuxième chose qu’on a pu apprécier, c’est de disposer de données très précises quant au trafic, aux temps de connexion, à la performance des pages web individuelles… Ce qui nous permet déjà d’avoir une idée où placer nos efforts pour améliorer la navigation, l’expérience utilisateur globale. Un point primordial pour nous parce qu’on ne doit pas décourager nos utilisateurs !
appYplanet combiné à appYuser va nous permettre d’identifier les secteurs précis sur lesquels on va pouvoir s’améliorer et de mettre en place des actions assez rapidement.
Quelles sont les prochaines étapes pour TreCuori sur ce projet ?
Nous allons d’abord finir de nous constituer une base fiable : nous allons suivre notre impact environnemental pendant encore un certain temps. Ensuite, à partir des résultat obtenus, nous allons pouvoir identifier les secteurs précis dont je parlais précédemment, les pages et certains aspects qui bloquent la navigation, sur lesquels nous pourrons immédiatement mettre en œuvre des actions d’amélioration.
En améliorant la performance de navigation, l’impact environnemental va aussi s’améliorer. Nous mesurerons alors la réduction d’impact qui aura été engendrée par ces actions d’amélioration. À partir de là, nous avons pour objectif de compenser les émissions qui sont difficilement réductibles. Pour ensuite s’assurer de pouvoir communiquer en évitant les risques de greenwashing, puisque l’on se base sur un outil qui suit des données en temps réel et qui suit des normes reconnues !
